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Page:Corbière - Le Négrier.djvu/330

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un louis ? » À ce prix ; une douzaine de matelots désœuvrés se présentent. On saute à bord, nous bordons nos avirons : on charge tant bien que mal notre unique caronade et nos fusils, et nous voilà partis, sortant tout en sueur du bal, pour amariner le trois-mâts anglais, que notre petit corsaire seul pouvait, disait-on, aborder.

Dans une conjoncture moins sérieuse, j’aurais bien ri de voir mon ami Ivon, encore en bas de soie et avec toute sa toilette de bal, courir l’abordage d’un bâtiment ennemi ; mais l’idée du danger, le souvenir de Rosalie, que j’avais quittée sans lui dire adieu, remplissaient trop ma