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Page:Corbière - Le Négrier.djvu/387

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vant que des aumônes que lui faisait la pitié de ses compatriotes. « C’est lui qui nous a vendus, s’écriait-on de toutes parts : il faut le tuer. — Non, fit entendre Ivon, d’une voix terrible ; il faut auparavant le flétrir. » Et comme si chacun eût deviné l’idée funeste de ce juge inflexible, on enlève cet infortuné qu’on livre à ceux qu’on nommait les piqueurs, et qui, à coup d’aiguilles, dessinaient sur les bras des matelots ces symboles et ces devises ineffaçables dont ils aiment à se tatouer. La tête de Jean-Café est rasée. On l’étend comme un cadavre à disséquer, sur une table ; les mains de quatre forts-à-bras retiennent ses membres palpitans, comme dans des