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Page:Corbière - Le Négrier.djvu/458

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que j’avais trouvé si aimable, en racontant une de ses aventures, dans le café de Rosalie, ne me parut pas, une fois au large, le même homme. Ce n’était plus ce corsaire si délié, si sémillant, et si bon enfant enfin. Il s’était fait ours ou loup, après quelques jours de mer. Deux jolies passagères, papillonnant autour de lui, quand il se promenait gravement sur le gaillard-d’arrière, parvenaient à peine à lui arracher un sourire, à lui qui, à terre, aurait peut-être jeté toute une fortune par la fenêtre, pour obtenir un seul regard d’une de ces femmes qui, à bord, cherchaient si inutilement à l’agacer. Le second ou le troisième jour de notre sortie de la Manche, il me tutoya : c’était déjà bon signe. Il m’avait grondé sept à huit fois : c’était