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Page:Corbière - Le Négrier.djvu/550

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tions de philanthropie. Ces noirs gros et gras, paresseux et gais, que je voyais balander toute la journée dans les rues, me paraissaient bien plus heureux que nos laboureurs d’Europe, et que la plupart des matelots, ne dormant que la moitié du temps, et ne mangeant qu’une ration de biscuit pour prix de ces fatigues qui épuisent sitôt leur vie misérable et agitée.

Les marins sont les hommes du monde les moins embarrassés de se tirer d’affaire, pour peu que, dans les lieux où ils se trouvent jetés par le sort, il y ait un peu de mer à exploiter et des hasards à courir. Quinze jours à peine s’étaient écoulés depuis notre arrivée à Saint-Pierre, qu’on vint proposer à Livonnière et à moi, un embarquement