Page:Corbière - Le Négrier.djvu/652

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

changeait à vue d’œil. Ce n’était plus cet homme si robuste, si riche de santé et chez lequel, pour ainsi dire, l’excédant de la vie cherchait à se dépenser avec prodigalité. Je voyais son énergie morale s’affaiblir avec ses facultés physiques. Le climat des Antilles enfin avait dévoré prématurément cette existence que les veilles et les excès semblaient en Europe avoir plutôt affermie qu’altérée. C’est en vain que j’avais voulu employer l’empire que je croyais avoir conquis sur mon ami, pour l’empêcher de se livrer à l’incontinence, au sein de laquelle il cherchait des distractions : quand je m’efforçais de lui prouver tout le mal qu’il se faisait en buvant de l’eau-de-vie à peu près comme auparavant il aurait bu de la bière, il opposait à mes remon-