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Page:Corbière - Le Négrier.djvu/695

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côte de Guinée, devient mon second. Des matelots sans emploi forment mon équipage. On se procure des ballots de toile, venus de France avec la paix ; on rassemble quelques vieux fusils et de la quincaillerie ; on trouve vingt pièces d’eau-de-vie ou de rum, cinq à six boucauts de tabac, et voilà ma cargaison faite.

Quel nom donnerons-nous maintenant à mon petit trois-mâts ? Ce nom-là fut bientôt trouvé : mes armateurs m’en avaient laissé le choix, et il passa de mon cœur et de ma tête, sur le tableau de mon Négrier. La Rosalie se trouva armée en moins de quinze jours. J’allais enfin commander à mon tour, et le rêve de toute ma vie était près de se réaliser sur ces mers où, libre de ma