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Page:Corbière - Le Négrier.djvu/713

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sans doute l’obéissance passive de mes gens : « Capitaine, tu es généreux et brave. »

Nous arrivâmes en peu de temps à Boni, la grande ville. Une multitude de nègres couvrait les rivages rapprochés, sur lesquels sont jetées çà et là les cases qui forment cette bourgade. J’avais fait charger à poudre mes caronades jusqu’à la gueule, et à mon commandement tous mes pavillons s’élevèrent au bout de mes vergues et au haut de ma mâture, au bruit d’une salve de vingt et un coup de canon. Le Mafouc, qui m’avait répété que j’étais brave et généreux, tremblait de tous ses membres à chaque détonation. Moi, pendant ce temps, je fumais paisiblement un cigarre en me promenant sur le pont,