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Page:Corbière - Le Négrier.djvu/781

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atroce exécution !… » Mes hommes obéissent : ils s’élancent sur les manœuvres, nos voiles s’enflent… Nous allons enfin quitter le lieu qu’une scène épouvantable a rempli d’horreur pour moi… Mais, non : nous nous sommes trop tôt flattés, et la brise meurt encore une fois dans nos voiles, qui continuent à battre lentement, à chaque coup de roulis, notre mâture fatiguée…

La nuit s’écoula silencieuse et morne… mes matelots seuls paraissaient avoir repris un peu de confiance. Fraïda, agenouillée sur le dôme, semblait prier, en élevant ses mains vers le ciel, la figure d’un des dieux de son pays, qu’elle avait religieusement emportée avec elle.

Quel spectacle le jour naissant offrit à mes yeux, déjà accablés de la vue de