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Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/20

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qu’il écrivit des sermons pour des missionnaires. En même temps il apprenait l’anglais, l’italien, il se perfectionnait dans l’étude du grec, du latin et des sciences, surtout de ses chères mathématiques.

Il végétait péniblement. Sa mère, naturellement indulgente, lui fit parvenir à plusieurs reprises quelques louis par une vieille servante, Hélène Brûlé, qui couvrait à pied, dans les deux sens, les soixante lieues qui séparent Langres de Paris. Parfois, il empruntait de petites sommes à des amis de son père, de passage dans la capitale. Celui-ci les remboursait en maugréant et ne cessait pas de mander à son fils : « Prenez un état ou revenez avec nous. »

Mais ces secours étaient rares. Denis Diderot n’avait pas toujours de gîte et se réfugiait parfois chez des amis pendant des semaines entières. Il connut la faim. Ne dut-il pas se nourrir un jour d’une rôtie de pain, trempée dans du vin, que lui offrit son hôtesse, tandis qu’il s’évanouissait d’inanition devant elle ?

Un moment il rencontra la quiétude et presque l’opulence. Il devint le précepteur des fils du banquier Randon. Hélas ! Il souffrait de vivre dans une