Aller au contenu

Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’autres raisons encore provoquaient chez Mme Volland des retours de complaisance. Elle craignait toujours que le chagrin n’altérât la santé fragile de sa fille. Elle était tentée de le lui éviter. Ainsi, en cet été 1759, Sophie était souffrante. La seule appréhension du départ aggravait son état. Diderot l’apprend à son ami Grimm : « Il lui semble qu’elle s’en va à sa dernière demeure ; c’est ainsi qu’elle en parle. Elle dépérit à vue d’œil… Elle est tombée dans un abattement, une indifférence, un détachement qui désolent sa sœur… Elle passe des heures entières au milieu de nous sans parler, les yeux fermés et la tête penchée sur le dos de son fauteuil. » Elle s’éloigne pour pleurer et revient les yeux humides et rouges. Sa mère lui dit : « Ma fille, n’avez-vous pas une robe à vous faire faire ? » Elle répond : « Oui, maman, on la fera là-bas. » Pour commander en Champagne une robe qu’elle pourrait commander à Paris, il faut en effet qu’une femme soit bien détachée de tout.

Mme Volland en fut convaincue. Elle s’inclina et partit seule pour Isle cette année-là. Mais elle n’avait pas renoncé à son projet. L’été suivant, une catas-