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Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/91

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recevoir une belle lettre de Grimm ; oh ! pour cela, bien belle et bien tendre, presque comme si vous l’aviez dictée. »

Aussi les guette-t-il avec une impatience inquiète. L’une d’elles n’arrive-t-elle point au jour où il l’attend ? Sa maussaderie, son détachement s’aggravent. Les sujets de conversation qui l’intéressent d’ordinaire ne le touchent presque plus. « Je ne suis plus à rien, ni à la société, ni à mes devoirs ; mon caractère s’en ressent ; je gronde pour rien ; je m’ennuie de tout et partout. »

Dès que le retard s’accentue, le philosophe s’affole. Sophie serait-elle souffrante ? Non. La chère sœur l’eût prévenu. Alors, il imagine les pires catastrophes : « Que faut-il que je pense ? La curiosité, la méchanceté, l’infidélité, des contretemps, que sais-je ? Quoi encore ? Tout s’oppose donc à la douceur de notre commerce, et nous ravit le seul bien qui nous reste, l’unique consolation que nous ayons et qui nous est si nécessaire ! »

Et leur mutuelle inquiétude au moindre retard revient cent fois dans leurs lettres.