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Page:Cordier - Charles de Lovenjoul, 1907.djvu/27

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CHARLES DE LOVENJOUL


« Je crois donc sage de donner à qui de droit le signalement exact du scoliaste. C’est un homme jeune encore, brun, grand, svelte, très élégant, chaussant le trente-quatre et gantant le sept. Il est extrêmement verbeux, nerveux, actif, et si son front n’a pas la couleur jaune du livre, comme dit le poète, c’est qu’il ne s’arrête pas, ainsi que le font les autres gens de noblesse, à la couverture. Remarque particulière : on peut toujours pincer Charles de Lovenjoul à une première musicale, soit de Wagner, soit de Verdi, soit de Reyer, car il est bémoliste féroce tout le temps qu’il n’est pas gautiériste endiablé. »

M. de Spoelberch avait en dépit de sa vivacité des instants de tristesse, des mouvements de découragement : quelle désillusion a pu lui dicter ce sonnet amer du Rocher de Sisyphe, à lui qui avait tout — en apparence du moins — pour être un des heureux de la terre.

MISANTHROPIE
SONNET

On l’a dit avant nous : ce monde est imparfait,
Car toute joie humaine engendre la tristesse ;
Le fruit contient le ver ; la bouteille, l’ivresse ;
Le fer a quelque paille, et l’argent est surfait,

Le vice et son cortège exploitent le bienfait
La langue a son venin qui trop souvent nous blesse ;
Le siècle est sans grandeur, chacun vit sans noblesse ;
Et le tombeau, lui seul, est peut-être parfait.