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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/108

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Qu’il manda tous les siens pour s’assurer la place,
Où Photin a reçu le prix de son audace ;
1615Que d’un si prompt supplice Achillas étonné
S’est aisément saisi du port abandonné ;
Que le Roi l’a suivi ; qu’Antoine a mis à terre
Ce qui dans ses vaisseaux restoit de gens de guerre[1] ;
Que César l’a rejoint ; et je ne doute pas
1620Qu’il n’ait su vaincre encore, et punir Achillas.

ACHORÉE.

Oui, Madame, on a vu son bonheur ordinaire…

CLÉOPATRE.

Dites-moi seulement s’il a sauvé mon frère,
S’il m’a tenu promesse.

ACHORÉE.

S’il m’a tenu promesse.Oui, de tout son pouvoir.

CLÉOPATRE.

C’est là l’unique point que je voulois savoir.
1625Madame, vous voyez, les Dieux m’ont écoutée.

CORNÉLIE.

Ils n’ont que différé la peine méritée.

CLÉOPATRE.

Vous la vouliez sur l’heure, ils l’en ont garanti.

ACHORÉE.

Il faudroit qu’à nos vœux il eût mieux consenti[2].

CLÉOPATRE.

Que disiez-vous naguère, et que viens-je d’entendre ?
1630Accordez ces discours, que j’ai peine à comprendre.

ACHORÉE.

Aucuns ordres ni soins n’ont pu le secourir[3] :

  1. Var. Ce qui dans ses vaisseaux restoit des gens de guerre. (1644)
  2. Var. Du moins César l’eût fait, s’il l’avoit consenti. (1644-56)
  3. Var. Ni vos vœux ni nos soins n’ont pu le secourir :
    Malgré César et vous il a voulu périr. (1644-56)