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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/133

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NOTICE.


Dans l’Épître qui précède cette comédie, Corneille fait bien nettement profession d’imiter les Espagnols, et déclare que l’emprunt qu’il avoue ne sera pas le dernier. Cependant il faudrait se garder de voir en lui un connaisseur curieux de la littérature à laquelle il demande si fréquemment des inspirations. Il s’empare de ce qui est à sa convenance, et ne sait même pas toujours précisément à qui il a affaire. En 1642, il a lu la comédie intitulée la Verdad sospechosa[1], pensant qu’elle était de Lope, et il l’a imitée à sa façon, sans se préoccuper de son origine. En 1660, lorsqu’il écrit ses examens et qu’il quitte ainsi un instant le rôle de poëte pour celui de critique, il nous dit bien qu’il lui est tombé entre les mains « un volume de don Juan d’Alarcon, où il prétend que cette comédie est à lui ; » mais il ne se passionne nullement pour découvrir la solution de ce problème. « Si c’est son bien, je n’empêche pas qu’il ne s’en ressaisisse, » dit-il ; puis il passe outre, et, après avoir marqué la source où il a puisé, il déclare dans l’avis Au lecteur que, bien qu’il ait indiqué pour le Cid les vers espagnols, et pour Pompée les vers latins qu’il a principalement imités, il n’en a pas fait de même ici, à cause du peu de rapport entre l’espagnol et le français. Quant à nous, nous avons pensé que cette imitation, pour être plus libre, n’en serait pas moins curieuse à examiner, et, enhardi par la bienveillance que M. Viguier nous avait déjà témoignée en plus d’une occasion, nous avons réclamé de lui sur ce point une étude qu’on trouvera,

  1. La Vérité suspecte.