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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/361

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PHILISTE.

Qu’une ?

DORANTE.

Qu’une ?Non. Cette nuit j’ai promis de la voir,
Sûr que vous obtiendrez mon congé pour ce soir.
Le concierge est à vous.

PHILISTE.

Le concierge est à vous.C’est une affaire faite.

DORANTE.

1110Quoi ! vous me refusez un mot que je souhaite ?

PHILISTE.

L’ordre, tout au contraire, en est déjà donné,
Et votre esprit trop prompt n’a pas bien deviné.
Comme je vous quittois avec peine à vous croire,
Quatre de mes amis m’ont conté votre histoire.
1115Ils marchoient après vous deux ou trois mille pas ;
Ils vous ont vu courir, tomber le mort à bas,
L’autre vous démonter, et fuir en diligence :
Ils ont vu tout cela de sur une éminence,
Et n’ont connu personne, étant trop éloignés.
1120Voilà, quoi qu’il en soit, tous nos procès gagnés,
Et plus tôt de beaucoup que je n’osois prétendre.
Je n’ai point perdu temps[1], et les ai fait entendre ;
Si bien que sans chercher d’autre éclaircissement,
Vos juges m’ont promis votre élargissement.
1125Mais quoiqu’il soit constant qu’on vous prend pour un autre,
Il faudra caution, et je serai la vôtre :
Ce sont formalités que pour vous dégager[2]
Les juges, disent-ils, sont tenus d’exiger ;

  1. Par une erreur singulière, les éditions de 1645-56 portent toutes : « Je n’ai point perdu de temps, » ce qui fait un vers de treize syllabes.
  2. Var. Ce sont formalités que la justice veut ;
    Autrement, disent-ils, l’affaire ne se peut ;
    Mais je crois qu’ils en font ainsi que bon leur semble. (1645-56)