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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/373

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MÉLISSE.

Sans jamais l’avoir vu, je connois son courage[1] :
1330Qu’importe après cela quel en soit le visage ?
Tout le reste m’en plaît ; si le cœur en est haut,
Et si l’âme est parfaite, il n’a point de défaut.
Ajoutez que vous-même, après votre aventure,
Ne m’en avez pas fait une laide peinture ;
1335Et comme vous devez vous y connoître mieux,
Je m’en rapporte à vous, et choisis par vos yeux.
N’en doutez nullement, je l’aimerai, mon frère ;
Et si ces foibles traits n’ont point de quoi lui plaire[2],
S’il aime en autre lieu, n’en appréhendez rien[3] :
1340Puisqu’il est généreux, il en usera bien.

CLÉANDRE.

Quoi qu’il en soit, ma sœur, soyez plus retenue
Alors qu’à tous moments vous serez à sa vue.
Votre amour me ravit, je veux le couronner[4] ;
Mais souffrez qu’il se donne avant que vous donner.
1345Il sortira demain, n’en soyez point en peine.
Adieu : je vais une heure entretenir Climène.


Scène III.

MÉLISSE, LYSE.
LYSE.

Vous en voilà défaite et quitte à bon marché.
Encore est-il traitable alors qu’il est fâché.
Sa colère a pour vous une douce méthode,

  1. Var. Sans l’avoir jamais vu, je connois son courage. (1645-68)
  2. Var. Et si ces foibles traits n’ont pas de quoi lui plaire. (1645-56)
  3. Var. S’il aime en autre lieu, n’en appréhendons rien. (1645-Go)
  4. Var. Votre amour me ravit, je la veux couronner. (1645-56)