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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/383

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CLITON.

Ils portoient sous le bras une lanterne sourde.
1515C’étoit fait de ma vie, ils me traînoient à l’eau ;
Mais sentant du secours, ils ont craint pour leur peau,
Et jouant des talons tous deux en gens habiles,
Ils m’ont fait trébucher sur un monceau de tuiles[1],
Chargé de tant de coups et de poing et de pied,
1520Que je crois tout au moins en être estropié.
Puissé-je voir bientôt la canaille noyée !

PHILISTE.

Si j’eusse pu les joindre, ils me l’eussent payée,
L’heureuse occasion dont je n’ai pu jouir[2],
Et que cette sottise a fait évanouir.
1525Vous en êtes témoin, cette belle adorable
Ne me pourroit jamais être plus favorable :
Jamais je n’en reçus d’accueil si gracieux ;
Mais j’ai bientôt perdu ces moments précieux.
Adieu : je prendrai soin demain de votre affaire.
1530Il est saison pour vous de voir votre lingère.
Puissiez-vous recevoir dans ce doux entretien[3]
Un plaisir plus solide et plus long que le mien !


Scène VIII.

DORANTE, CLITON.
DORANTE.

Cliton, si tu le peux, regarde-moi sans rire.

CLITON.

J’entends à demi-mot, et ne m’en puis dédire :
J’ai gagné votre mal.

  1. Var. M’ont jeté de roideur sur un monceau de tuiles. (1645-56)
  2. Var. La belle occasion dont je n’ai pu jouir. (1645-63)
  3. Var. Puissiez-vous recevoir dedans son entretien. (1645-56)