Ils portoient sous le bras une lanterne sourde.
C’étoit fait de ma vie, ils me traînoient à l’eau ;
Mais sentant du secours, ils ont craint pour leur peau,
Et jouant des talons tous deux en gens habiles,
Ils m’ont fait trébucher sur un monceau de tuiles[1],
Chargé de tant de coups et de poing et de pied,
Que je crois tout au moins en être estropié.
Puissé-je voir bientôt la canaille noyée !
Si j’eusse pu les joindre, ils me l’eussent payée,
L’heureuse occasion dont je n’ai pu jouir[2],
Et que cette sottise a fait évanouir.
Vous en êtes témoin, cette belle adorable
Ne me pourroit jamais être plus favorable :
Jamais je n’en reçus d’accueil si gracieux ;
Mais j’ai bientôt perdu ces moments précieux.
Adieu : je prendrai soin demain de votre affaire.
Il est saison pour vous de voir votre lingère.
Puissiez-vous recevoir dans ce doux entretien[3]
Un plaisir plus solide et plus long que le mien !
Scène VIII.
Cliton, si tu le peux, regarde-moi sans rire.
J’entends à demi-mot, et ne m’en puis dédire :
J’ai gagné votre mal.