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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/445

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N’a porté jusqu’à nous ces grands renversements[1]
Que sous l’obscurité de cent déguisements.

LAONICE.

Sachez donc que Tryphon, après quatre batailles,
Ayant su nous réduire à ces seules murailles[2],
45En forma tôt le siège ; et pour comble d’effroi,
Un faux bruit s’y coula touchant la mort du Roi.
Le peuple épouvanté, qui déjà dans son âme
Ne suivoit qu’à regret les ordres d’une femme,
Voulut forcer la Reine à choisir un époux[3].
50Que pouvoit-elle faire et seule et contre tous ?
Croyant son mari mort, elle épousa son frère[4].
L’effet montra soudain ce conseil salutaire :
Le prince Antiochus, devenu nouveau roi,
Sembla de tous côtés traîner l’heur avec soi[5] ;
55La victoire attachée au progrès de ses armes
Sur nos fiers ennemis rejeta nos alarmes[6],
Et la mort de Tryphon, dans un dernier combat,
Changeant tout notre sort, lui rendit tout l’État[7].
Quelque promesse alors qu’il eût faite à la mère
60De remettre ses fils au trône de leur père,
Il témoigna si peu de la vouloir tenir

  1. Var. Changeant de bouche en bouche, au lieu de vérités,
    N’a porté jusqu’à nous que des obscurités.
    LAONICE. Sachez donc qu’en trois ans gagnant quatre batailles,
    Tryphon nous réduisit à ces seules murailles,
    Les assiège, les bat ; et pour dernier effroi,
    Il s’y coule un faux bruit touchant la mort du Roi. (1647-56)
  2. De Séleucie.
  3. Var. Presse et force la Reine à choisir un époux, (1647-56)
  4. Var. Croyant son mari mort, elle épouse son frère (a) (1647-56)

    (a) Antiochus Sidétès, frère de son premier mari, Démétrius Nicanor.
  5. Var. Semble de tous côtés traîner l’heur avec soi :
    La victoire le suit avec tant de furie,
    Qu’il se voit en deux ans maître de la Syrie. (1647-56)
  6. Var, Dessus nos ennemis rejeta nos alarmes. (1660-64)
  7. Var. Termine enfin la guerre, et lui rend tout l’État. (1647-56)