Elle nous fuit, mon frère, après cette rigueur.
Elle fuit, mais en Parthe, en nous perçant le cœur.
Que le ciel est injuste ! Une âme si cruelle
Méritoit notre mère, et devoit naître d’elle.
Plaignons-nous sans blasphème.
Par cette retenue où vous vous obstinez !
Faut-il encor régner ? faut-il l’aimer encore ?
Il faut plus de respect pour celle qu’on adore.
C’est ou d’elle ou du trône être ardemment épris,
Que vouloir ou l’aimer ou régner à ce prix[1].
C’est et d’elle et de lui tenir bien peu de compte,
Que faire une révolte et si pleine et si prompte[2].
Lorsque l’obéissance a tant d’impiété,
La révolte devient une nécessité.
La révolte, mon frère, est bien précipitée,
Quand la loi qu’elle rompt peut être rétractée ;
Et c’est à nos desirs trop de témérité
De vouloir de tels biens avec facilité :
Le ciel par les travaux veut qu’on monte à la gloire ;
Pour gagner un triomphe il faut une victoire.