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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/49

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Nous immortaliser par cet illustre crime.
Qu’il plaise au ciel ou non, laissez-m’en le souci[1].
Je crois qu’il veut sa mort, puisqu’il l’amène ici.

ACHILLAS.

Seigneur, je crois tout juste alors qu’un roi l’ordonne[2].

PTOLOMÉE.

210Allez, et hâtez-vous d’assurer ma couronne,
Et vous ressouvenez que je mets en vos mains
Le destin de l’Égypte et celui des Romains[3].


Scène II.

PTOLOMÉE, PHOTIN.
PTOLOMÉE.

Photin, ou je me trompe, ou ma sœur est déçue :
De l’abord de Pompée elle espère autre issue.
215Sachant que de mon père il a le testament,
Elle ne doute point de son couronnement :
Elle se croit déjà souveraine maîtresse
D’un sceptre partagé que sa bonté lui laisse ;
Et se promettant tout de leur vieille amitié,
220De mon trône en son âme elle prend la moitié[4],
Où de son vain orgueil les cendres rallumées
Poussent déjà dans l’air de nouvelles fumées.

PHOTIN.

Seigneur, c’est un motif que je ne disois pas[5],
Qui devoit de Pompée avancer le trépas.
225Sans doute il jugeroit de la sœur et du frère
Suivant le testament du feu Roi votre père,

  1. Var. Qu’il plaise au ciel ou non, laisse-m’en le souci. (1648-56)
  2. Var. Sire, je crois tout juste alors qu’un roi l’ordonne. (1644-63)
  3. Voyez au tome III, p. 391, les vers 155 et 156 de Cinna :
    Et ne remettroit pas en de mauvaises mains
    L’intérêt d’Émilie et celui des Romains.
  4. Var. De mon trône dans l’âme elle prend la moitié. (1644-56)
  5. Var. Sire, c’est un motif que je ne disois pas. (1644-63)