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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/495

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Scène II.

ANTIOCHUS.

Les plus doux de mes vœux enfin sont exaucés :
1250Tu viens de vaincre, amour ; mais ne n’est pas assez.
Si tu veux triompher en cette conjoncture[1],
Après avoir vaincu, fais vaincre la nature ;
Et prête-lui pour nous ces tendres sentiments
Que ton ardeur inspire aux cœurs des vrais amants,
1255Cette pitié qui force, et ces dignes foiblesses
Dont la vigueur détruit les fureurs vengeresses.
Voici la Reine. Amour, nature, justes Dieux,
Faites-la-moi fléchir, ou mourir à ses yeux.


Scène III.

CLÉOPATRE, ANTIOCHUS, LAONICE.
CLÉOPATRE.

Eh bien ! Antiochus, vous dois-je la couronne ?

ANTIOCHUS.

1260Madame, vous savez si le ciel me la donne.

CLÉOPATRE.

Vous savez mieux que moi si vous la méritez.

ANTIOCHUS.

Je sais que je péris si vous ne m’écoutez.

CLÉOPATRE.

Un peu trop lent peut-être à servir ma colère,
Vous vous êtes laissé prévenir par un frère ?
1265Il a su me venger quand vous délibériez,

  1. Var. Si tu veux triompher dedans notre aventure. (1647-64)