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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/500

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Sont autant de larcins à vos contentements[1] ;
1375Et ce soir, destiné pour la cérémonie,
Fera voir pleinement si ma haine est finie.

ANTIOCHUS.

Et nous vous ferons voir tous nos desirs bornés
À vous donner en nous des sujets couronnés.


Scène IV.

CLÉOPATRE, LAONICE.
LAONICE.

Enfin ce grand courage a vaincu sa colère.

CLÉOPATRE.

1380Que ne peut point un fils sur le cœur d’une mère ?

LAONICE.

Vos pleurs coulent encore, et ce cœur adouci…

CLÉOPATRE.

Envoyez-moi son frère, et nous laissez ici.
Sa douleur sera grande, à ce que je présume ;
Mais j’en saurai sur l’heure adoucir l’amertume.
1385Ne lui témoignez rien : il lui sera plus doux
D’apprendre tout de moi, qu’il ne seroit de vous.


Scène V[2]

CLÉOPATRE.

Que tu pénètres mal le fond de mon courage !
Si je verse des pleurs, ce sont des pleurs de rage ;

  1. Var. Sont autant de larcins à ses contentements. (1647-56)
  2. « On dit qu’au théâtre on n’aime pas les scélérats. Il n’y a point de criminelle plus odieuse que Cléopatre, et cependant on se plaît à la voir ; du moins le parterre, qui n’est pas toujours composé de connoisseurs sévères et délicats, s’est laissé subjuguer quand une actrice imposante a joué ce