Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PTOLOMÉE.

Il l’est de tout le monde, et je l’ai fait le mien.

CLÉOPATRE.

640Allez lui rendre hommage, et j’attendrai le sien ;
Allez, ce n’est pas trop pour lui que de vous-même :
Je garderai pour vous l’honneur du diadème.
Photin vous vient aider à le bien recevoir :
Consultez avec lui quel est votre devoir.


Scène IV.

PTOLOMÉE, PHOTIN.
PTOLOMÉE.

645J’ai suivi tes conseils ; mais plus je l’ai flattée,
Et plus dans l’insolence elle s’est emportée ;
Si bien qu’enfin, outré de tant d’indignités,
Je m’allois emporter dans les extrémités :
Mon bras, dont ses mépris forçoient la retenue,
650N’eût plus considéré César ni sa venue,
Et l’eût mise en état, malgré tout son appui,
De s’en plaindre à Pompée auparavant qu’à lui[1].
L’arrogante ! à l’ouïr elle est déjà ma reine ;
Et si César en croit son orgueil et sa haine ;
655Si, comme elle s’en vante, elle est son cher objet,
De son frère et son roi je deviens son sujet.
Non, non ; prévenons-la : c’est foiblesse d’attendre
Le mal qu’on voit venir sans vouloir s’en défendre[2].
Ôtons-lui les moyens de nous plus dédaigner ;
660Ôtons-lui les moyens de plaire et de régner ;

  1. Var. De se plaindre à Pompée auparavant qu’à lui. (1644-60)
  2. Var. Le mal qu’on voit venir sans pouvoir s’en défendre. (1644-64)