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Page:Correspondance d’Eulalie, 1785.djvu/42

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lorgnoit furieuſement. Il ſeroit dommage qu’un roué de ſon eſpece eût les premices d’une auſſi jolie fille. Il ne pourroit pas lui faire ſa fortune ; car il eſt ruiné depuis qu’on a aboli ſon tripot[1]. Adieu. J’attends de tes nouvelles avec impatience.

  1. Le Marquis de Genlis a tenu pendant plus de deux ans une maiſon de jeu. Il y avoit trente-un et biribi. C’étoit Hazon, fripon avéré, que la Police auroit dû envoyer à Bicêtre pour le reſte de ſes jours, qui tenoit la banque. Le Marquis de Genlis y étoit intéreſſé, puiſque cela défrayoit ſa maiſon, où tout le monde, pourvu qu’on eût de l’argent, étoit admis ; et afin d’attirer des chalands, il avoit des filles à ſes ſoupers. Les demoiſelles Juſtine, Roſiere, Grandval, Fourcy et Violette y étoient de fondation. Cela ne doit pas du tout étonner, car le Chevalier de Zeno, Ambaſſadeur de la république de Veniſe, avoit un tripot pareil. Différentes perſonnes, telles que le Comte de Genlis, Madame de Selle, la Préſidente Champeron, la Comteſſe d’Aunois, en tenoient auſſi dans le même tems, avec cette différence que les filles n’y étoient pas admiſes. Enfin cette fureur étoit portée au point que les Envoyés de Pruſſe, d’Heſſe-Caſſel et de Suede, avoient auſſi des tripots chez eux. Mais Louis XVI a aboli ces lieux abominables