Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, tome 1.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AVERTISSEMENT.



Lorsque parut la Correspondance littéraire de La Harpe, on se récria avec raison contre ses jugemens, presque toujours dictes par la prévention ou l’amour propre, contre ses vues étroites, le sentiment tout personnel qui dominait chez lui, son soin minutieux de rapporter ses petits vers, et d’enregistrer les grands complimens qu’ils lui valaient. Ces défauts frappèrent tous les yeux, mais le livre n’en fut pas moins recherché avec empressement : c’étaient les premiers mémoires littéraires, rédigés avec quelque soin, sur cette époque animée dont la littérature appartient à l’histoire, sur cette fin du dix-huitième siècle, où les ouvrages de l’esprit exercèrent une si puissante influence et concoururent à de si grands événemens.

Onze ans après, on publia cinq volumes d’une Correspondance du baron de Grimm. Des aperçus entièrement neufs, des vues étendues, des jugemens exprimés d’une manière originale, enfin toutes les qualités que laissait désirer l’ouvrage de La Harpe distinguaient celui-ci, et tout d’abord lui firent donner une juste préférence. La faveur du public encouragea les éditeurs : une réimpression des volumes publiés devint bientôt nécessaire, et ils ne tardèrent pas à être suivis de cinq autres, qui menaient jusqu’aux jours de la révolution naissante ce procès-verbal des progrès de l’esprit et de la philosophie. Enfin le