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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, tome 1.djvu/17

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texte de ses Œuvres, et de consigner dans des notes les suppressions que le calcul bien entendu de son ami put leur faire subir. Nous devons dire toutefois que l’assertion de Naigeon est à peu près sans aucun fondement ; car ces changemens sont fort rares et en général insignifians.

Grimm, censeur prétendu de Diderot, fut censuré à son tour : par là nous n’entendons pas parler des retranchemens bien naturels que ses éditeurs opérèrent dans sa Correspondance, d’analyses de pièces de théâtre qu’on représente tous les jours ou que nous possédons dans nos bibliothèques, et de vers ou de morceaux de prose qu’il citait et qui avaient été reproduits textuellement dans les Œuvres de leurs auteurs[1]. L’ombrageuse censure impériale y trouva autre chose à reprendre que cette surabondance. Elle signala dans le manuscrit bon nombre d’articles et de phrases dont la liberté et la hardiesse lui parurent dangereuses : malgré cette opération préalable, elle crut devoir encore, après l’impression, exiger quelques cartons. Cette édition renfermera les phrases ou fragmens d’articles dont la suppression avait été ordonnée ; quant aux articles complets condamnés par ces nouveaux inquisiteurs, ils seront publiés par les soins

  1. C’est ainsi qu’ils en ont retranché avec raison le roman tout entier de la Religieuse, Jacques le fataliste, et ceux des Salons de Diderot qui avaient été déjà publiés. Nous devons faire observer qu’on trouvera encore dans la Correspondance de Grimm un grand nombre de morceaux d’écrivains célèbres, que tous les éditeurs de leurs Œuvres ont omis d’y comprendre. Ainsi, par exemple, dans les deux premiers volumes on trouvera de d’Alembert un Discours pour Le Kain, t. 1, p. 24, des vers sur le roi de Prusse, t. II, p. 265 ; de Diderot un article sur le Salon de 1759, t. II, p. 352, et un autre sur le monument de la place de Reims, ibidem, p. 407 ; de Fontenelle une Lettre piquante sur la Vallée de Josaphat, t. II, p. 159. Les volumes suivans renferment également des lettres inédites de Voltaire, et d’autres morceaux non moins curieux.