Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, tome 1.djvu/26

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demnité de ses frais de poste, du moins il en recueillit un avantage plus réel en se voyant nommer ministre plénipotentiaire du duc de Saxe-Gotha près le cabinet de Versailles.

Cette dignité, loin de le détourner du soin de continuer sa Correspondance y lui en facilita les moyens en étendant encore ses relations. Il mena de front ce travail littéraire et ses fonctions jusqu’au moment où les événemens précurseurs de la révolution le forcèrent à quitter Paris avec les autres membres du corps diplomatique. Il se retira alors à la cour de Gotha, où il trouva un honorable asile. En 1795, l’impératrice de Russie le nomma son ministre près des États du cercle de Basse-Saxe. Il fut confirmé par Paul Ier dans cette mission, qu’il remplit jusqu’à ce qu’une maladie cruelle, par suite de laquelle il perdit un œil, l’obligea de renoncer entièrement aux affaires. Gotha fut encore la retraite qu’il choisit, et c’est là qu’il passa les dernières années d’une vie dont l’étude et les soins de l’amitié pouvaient à peine alors alléger le fardeau. Plus d’une fois il exprima le regret d’avoir manqué le moment de se faire enterrer, et la mort, trop lente à son gré, ne l’enleva qu’à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, le 19 décembre 1807.