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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/109

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que pour s’en assurer il restait en observation, espérant que ce navire arriverait au port et qu’aussitôt il viendrait me faire part de ce qu’il aurait appris. Ayant lu cette lettre, j’expédiai deux Espagnols par deux chemins différents, afin qu’ils ne manquassent point le courrier qu’on pourrait m’envoyer de la côte. Je leur donnai comme instruction, de se rendre au port, de s’informer du nombre des navires arrivés, d’où ils venaient, et d’accourir à toute vitesse pour m’en rendre compte. En même temps, je dépêchai un autre courrier à la Veracruz, pour dire à mon lieutenant que j’avais su l’arrivée des navires ; qu’il s’informât lui-même, et qu’il me fît savoir ce qu’il en aurait appris. J’en envoyai un autre encore au capitaine des cent cinquante hommes que j’avais envoyés dans la province et au port de Goatzacoalco, pour qu’il s’arrêtât là où mon courrier le rencontrerait, et qu’il ne poursuivît pas sa route avant de nouveaux ordres. Je lui disais que je connaissais l’arrivée de certains navires, mais il le savait déjà avant d’avoir reçu ma lettre. Quinze jours s’étaient écoulés depuis le départ de mes courriers, sans que je reçusse aucune nouvelle, ce qui m’avait jeté dans une grande inquiétude ; ce fut alors, qu’arrivèrent des Indiens, vassaux de Muteczuma, qui nous annoncèrent que les navires en question avaient jeté l’ancre dans le port de San Juan, et que les gens de l’expédition avaient débarqué. Ces Indiens apportaient une lettre nous apprenant qu’il y avait là-bas quatre-vingts cavaliers, huit cents fantassins et dix à douze pièces d’artillerie ; tout se trouvait dessiné sur un papier du pays pour le montrer à Muteczuma. Ils me dirent aussi, que l’Espagnol que j’avais envoyé à la côte ainsi que mes deux autres courriers, se trouvaient au pouvoir des nouveaux arrivés et que leur capitaine me faisait savoir qu’il ne les laisserait point partir.

À cette nouvelle, je résolus d’envoyer un religieux que j’avais en ma compagnie, mon aumônier (Fray Bartolomé de Olmédo) avec une lettre de moi, et une autre des alcades et régidors de la ville de la Veracruz qui se trouvaient à Mexico ; ces lettres étaient adressées au capitaine et aux troupes qui venaient de jeter l’ancre dans le port de San Juan, lettres par lesquelles je leur faisais savoir tout ce qui m’était arrive durant mon séjour