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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/148

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cédé l’un de ses frères, seigneur de la ville d’Istapalapa, nommé Cluitlahuatzin et qui lui succéda, parce que le fils de Muteczuma, son héritier, mourut au passage des ponts. Des deux fils qui restaient vivants, l’un, me dit le prisonnier, est fou, l’autre est épileptique ; ce fut pour cela que le frère hérita, mais surtout parce qu’il nous avait fait la guerre et qu’on le tenait pour un vaillant homme. J’appris également que les Mexicains fortifiaient leur capitale ainsi que toutes les villes de leur dépendance, au moyen de chemins de ronde, trappes, fossés, etc. et qu’ils amassaient d’immenses approvisionnements de guerre. On me dit encore qu’ils fabriquaient des grandes lances pour se défendre contre ma cavalerie ; j’en avais déjà vu quelques-unes dans la province de Tepeaca ainsi que dans les demeures et le camp des Mexicains à Guaçachula. J’appris bien d’autres choses, sur lesquelles je me tais, pour ne pas importuner Votre Majesté.

J’ai envoyé à l’île Espagnola quatre navires, pour qu’ils me reviennent chargés de chevaux et de soldats ; je donnai commission de m’en acheter quatre autres, pour que de Saint-Domingue dans la même île Espagnola, ils me reviennent également chargés de chevaux, armes, poudre et arquebuses qui sont les choses dont nous avons le plus besoin. Car les piétons avec leurs rondaches servent peu tout seuls, perdus au milieu de tant de monde et dans ces grandes villes et forteresses.

J’écris au licencié Rodrigo de Fonséca et aux officiers de Votre Altesse qui habitent l’île, leur demandant de me prêter toute l’aide qui se pourra dans l’intérêt de Votre Altesse et pour la sécurité de nos personnes. Car avec les secours que j’attends, j’ai l’intention de retourner sur cette grande ville et j’espère, ainsi que je l’écrivis à Votre Majesté, qu’en peu de temps les choses tourneront à mon avantage et que je recouvrerai nos pertes passées. En tous cas, je fais en ce moment construire douze brigantins pour naviguer sur le lac ; on prépare ici toutes les pièces, qu’on transportera par terre et qu’on montera en peu de temps ; on fabrique de même toute la ferrure, on réunit la poil et l’étoupe, les voiles et les rames et tout ce qui est nécessaire à la complétion de ma flotte. Je certifie à Votre