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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/155

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ce qui était arrivé à la première expédition de Garay, et l’un des lieutenants, qui avait assisté à la défaite, l’assura que s’il se rendait sur les bords du Panuco, il serait fort mal reçu des Indiens. Malgré tout, ce capitaine avait résolu de se rendre au Panuco, lorsque le vent, soufflant en tempête, enleva le navire dont les amarres furent brisées et l’emporta à douze lieues dans le port de San Juan. Là, il eut à peine débarqué son monde ainsi que ses chevaux et autant de juments que le navire fut jeté à la côte faisant eau de toutes parts. Mis au courant de cette affaire, j’écrivis au capitaine pour lui dire combien j’étais désolé de ce qui lui était arrivé ; que j’avais envoyé des ordres à la Veracruz pour qu’on accueillit les naufragés et qu’on leur donnât tout ce dont ils auraient besoin. Je lui disais qu’il eût à consulter son équipage et que si tous ou quelques-uns voulaient se retourner avec l’un des navires qui se trouvaient dans le port, on le mettrait à leur disposition. Mais le capitaine et ses hommes préférèrent rester dans le pays et venir me rejoindre. Jusqu’à présent, nous n’avons rien su de l’autre navire et comme le temps se passe nous avons les plus grandes inquiétudes sur son sort. Fasse Dieu qu’il arrive à bon port !

Au moment de quitter la ville de Tepeaca, j’appris que deux provinces appelées Cecatami et Xalazingo, vassales de l’empereur du Mexique, s’étaient révoltées et que sur le chemin de la Veracruz ici, on avait assassiné quelques Espagnols, les Indiens de ces deux provinces étant soulevés et fort mal disposés contre nous. Pour rétablir la sécurité de la route et punir ces Indiens de leurs méfaits, s’ils ne venaient pas faire amende honorable, j’envoyai sur les lieux, un de mes lieutenants avec vingt chevaux, deux cents fantassins et une troupe de nos alliés, chargés de sommer les révoltés au nom de Votre Majesté, de venir se déclarer sujets de Votre Altesse comme ils l’avaient fait auparavant, et d’apporter les plus grands égards dans ses relations avec eux ; mais, que s’ils refusaient nos ouvertures de paix, qu’il leur fît la guerre ; qu’une fois ces provinces pacifiées il revînt avec ses hommes à la ville de Tlascala, où je l’attendrais. Il partit au commencement de décembre 1520 et poursuivit son chemin vers ces provinces qui sont à vingt lieues d’ici.