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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/158

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titlan ainsi que les habitants des provinces leurs vassales, non seulement s’étaient révoltés contre Votre Majesté, mais nous avaient lue beaucoup de monde, tant Espagnols que de nos alliés indiens, et nous avaient chassés de leur ville ; qu’ils n’oubliassent donc point les fatigues et les dangers que nous avions bravés, et comprissent combien il convenait au service de Dieu et de Votre Majesté catholique de reprendre ce que nous avions perdu ; puisque nous avions pour cela les meilleurs motifs et les meilleures raisons. N’avions-nous pas à combattre contre nations barbares pour la propagation de notre sainte foi, pour le service de Votre Majesté, pour la sécurité de nos existences ? D’autre part, n’avions-nous point pour nous aider des milliers d’amis fidèles ? et n’étaient-ce pas là de puissants motifs pour exalter notre courage ? Je les engageai donc à se réjouir et rappeler leur ancienne valeur et qu’ils observassent religieusement les ordonnances que j’avais fait publier, touchant l’ordre et la discipline à observer pendant cette guerre ; qu’ils travailleraient ainsi à la plus grande gloire de Dieu et de Votre Majesté. Tous le promirent et jurèrent de mourir pour notre sainte foi et le service de Votre Majesté ; ils s’engageaient également à recouvrer ce que nous avions perdu, et à venger l’affront que nous avaient infligé les Mexicains et leurs alliés. Je les remerciai au nom de Votre Majesté, et, tous fort satisfaits, nous regagnâmes nos logis après cette revue.

Le jour suivant, qui était le jour de saint Jean l’évangéliste, je convoquai tous les seigneurs de la province de Tlascala ; ils savaient, leur ai-je dit, que je devais partir pour entrer sur le territoire de nos ennemis et ils devaient comprendre que je ne pouvais m’emparer de la ville de Mexico sans mes brigantins. Je les priais donc de fournir à leurs ouvriers comme aux miens tout ce dont ils auraient besoin, qu’ils les traitassent comme ils l’avaient fait jusqu’à ce jour et qu’ils se tinssent prêts à faire transporter tout le matériel des brigantins à Tezcoco le jour où je demanderais qu’on me l’expédiât. Ils promirent de le faire et voulurent qu’un corps nombreux de leurs guerriers m’accompagnât ; quant au transport des brigantins, la nation entière s’y emploierait s’il était nécessaire, car tous voulaient mourir là où