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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/171

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villages sujets de Tezcoco et qui s’élevaient sur les bords de la lagune, pour, de là, nous faire le plus de mal qu’ils pourraient. Ils creusaient des fossés, élevaient des barricades et s’y fortifiaient de leur mieux. Je pris douze chevaux, deux cents fantassins et deux petites pièces de campagne, et je fus les rejoindre à une lieue et demie de là. En sortant de la ville, je tombai sur quelques-uns de leurs coureurs et sur des troupes d’avant-garde ; nous les mîmes en fuite, en tuâmes plusieurs et les autres se retirèrent dans la lagune. Nous brûlâmes une partie des villages et retournâmes à Tezcoco victorieux. Le lendemain, les principaux de ces villages vinrent me demander pardon, me priant de ne plus détruire leurs maisons et qu’ils me promettaient de ne plus recevoir de Mexicains chez eux.

C’étaient des gens de peu, sujets de Don Fernando ; je leur pardonnai au nom de Votre Majesté. Le lendemain, des gens des mêmes villages se présentèrent, maltraités et meurtris de coups, se plaignant que les Mexicains étaient revenus chez eux et que, n’y ayant point trouvé le même accueil que d’habitude, ils les avaient battus, en avaient emmené plusieurs avec eux et les auraient tous emmenés s’ils ne s’étaient défendus. Ils me priaient d’être sur mes gardes, de façon que lorsque les Mexicains reviendraient je fusse prêt à les secourir. Ils s’en retournèrent à leur village.

Les gens que j’avais laissés à Tlascala occupés à la construction des brigantins avaient appris qu’il était arrivé à la Veracruz un vaisseau qui portait, outre les matelots, trente ou quarante Espagnols, dont huit cavaliers, des arquebusiers, des arbalétriers et de la poudre. Comme ils ne savaient rien de nos faits et gestes et que le peu de sûreté des routes les empêchait de nous rejoindre, ils étaient fort inquiets ; ceux de Tlascala n’osaient non plus venir m’apporter cette bonne nouvelle. L’un de mes serviteurs ayant appris que quelques-uns voulaient hasarder le passage ordonna, sous les peines les plus sévères, que personne ne sortît de Tlascala avant que j’en donnasse l’ordre moi-même ; et, cependant, un de mes domestiques, sachant bien que rien au monde ne me ferait tant de plaisir que d’apprendre l’arrivée du navire et du secours qu’il m’apportait,