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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/191

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filer, s’imaginèrent que c’était de peur. Ils nous poursuivirent ; je me retournai contre eux avec mes dix cavaliers, les jetai dans l’eau et leur infligeai une telle leçon qu’ils ne songèrent plus à nous inquiéter. À dix heures, nous arrivâmes à la ville de Culhuacan qui est à deux lieues de Xuchimilco ; toutes ces villes, Mexico, Culhuacan, Churubusco, Istapalapa, Cilitabuac et Mizquic sont construites sur l’eau et sont toutes situées à une lieue, une lieue et demie les unes des autres. Culhuacan était déserte ; nous logeâmes dans la maison du cacique et nous y restâmes deux jours. Mes brigantins achevés, je devais commencer le siège de Mexico ; je devais donc examiner la disposition des lieux, les entrées et les sorties, et par où nous pouvions le mieux attaquer et nous mieux défendre. Le lendemain de notre arrivée à Culhuacan, je pris cinq chevaux et deux cents piétons, et nous nous rendîmes jusqu’à la lagune qui est tout près, par une chaussée qui conduit à la ville de Mexico ; la lagune était couverte de canoas pleines de gens de guerre. Nous arrivâmes à une barricade que les Indiens avaient élevée sur la chaussée et que mes soldats attaquèrent. Quoiqu’elle fût très forte, courageusement défendue, et que les ennemis nous eussent blessé dix Espagnols, cependant nous nous en emparâmes, y tuant une foule d’Indiens, et cela sans l’aide des arquebusiers et des arbalétriers qui n’avaient plus ni poudre, ni flèches. De là, nous vîmes comment la chaussée se dirigeait tout droit à Mexico sur une longueur d’une lieue et demie ; l’autre chaussée qui va de Mexico à Istapalapa était couverte d’une multitude d’Indiens. Quand j’eus bien examiné toutes choses, je jugeai bon de laisser à Culhuacan une garnison de cavaliers et de fantassins. Je réunis les autres et nous revînmes à la ville, où nous détruisîmes et incendiâmes les temples et les idoles.

Le lendemain, nous partîmes pour Tacuba qui est à deux lieues ; nous y arrivâmes à neuf heures, escarmouchant de droite et de gauche avec les Mexicains qui sortaient de la lagune pour attaquer nos Indiens porteurs ; mais ils se trouvèrent déçus et nous laissèrent tranquilles. Je crois l’avoir dit, mon projet était de faire le tour de toutes les lagunes pour bien saisir et me rendre compte de l’état des lieux, comme aussi