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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/199

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respectifs et qu’alors je m’embarquerais pour jeter un coup d’œil sur la ville et m’attaquer aux canoas. Je désirais cependant m’en aller par terre pour me rendre compte de l’installation de mes hommes, mais je savais que je pouvais m’en rapporter à mes lieutenants, tandis que l’affaire des brigantins avait une si grande importance que je résolus de m’embarquer sur l’un d’eux, parce que c’était du côté de l’eau que je prévoyais le plus de risques : et cela, malgré l’avis de mon entourage qui me sommait de rejoindre mes garnisons, comme étant les postes où l’on avait le plus besoin de moi.

Le jour qui suivit la Fête-Dieu, le vendredi à quatre heures du matin, j’expédiai Gonzalo de Sandoval et ses hommes qui devaient se rendre directement à la ville d’Istapalapa qui est à six petites lieues de Tezcoco. Ils y arrivèrent un peu après midi et commencèrent à brûler les maisons et à lutter avec les habitant. Mais ceux-ci voyant la grande force de Sandoval qui avait avec lui plus de trente mille Indiens de nos amis, se retirèrent dans leurs canoas.

Le grand alguazil s’établit alors solidement dans la ville et attendit ce jour-là les ordres que j’avais à lui donner.

Aussitôt l’alguazil expédié, je m’embarquai sur les brigantins et nous partîmes à la voile et à la rame ; au moment même où Sandoval combattait à Istapalapa et brûlait la ville, nous arrivions en vue d’un piton haut et fortifié, voisin de la ville et tout entouré d’eau. Il y avait là une foule de gens des environs mêlés à des Mexicains ; ils savaient que la première attaque serait dirigée contre Istapalapa et ils se tenaient là pour la défendre et nous faire le plus de mal possible. Quand ils virent arriver la flottille, ils commencèrent à nous insulter et allumer de grands feux pour avertir les villes riveraines de la lagune. Quoique j’eusse l’intention d’aller attaquer la partie de la ville d’Istapalapa qui est construite sur l’eau, je me retournai contre le piton, où je débarquai avec cent cinquante hommes ; cette colline est de pentes agrestes et rapides ; nous y montâmes à l’assaut, péniblement, et nous emportâmes les barricades que les Indiens avaient établies sur la cime. Alors, nous les abordâmes avec une telle vigueur, que pas un n’échappa, sauf les