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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/203

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sortir. De l’autre côté de la chaussée, les huit autres brigantins à la poursuite des canoas, les acculèrent également dans la ville où ils pénètrent avec elles, ce qu’ils n’avaient osé jusqu’alors, parce qu’il y avait là des bas-fonds et des estacades qui les gênaient fort. Cependant ils trouvèrent des canaux où ils purent s’engager en sûreté ; ils y poursuivirent les canoas, en prirent plusieurs, et mirent le feu dans les faubourgs. Et nous passâmes ainsi tout le jour à combattre.

Le jour suivant, le grand alguazil avec les gens qu’il avait à Istapalapa tant espagnols que nos alliés se dirigea sur Culuacan, où conduit une chaussée d’une lieue et demie de longueur ; il était à peine à un quart de lieue d’Istapalapa, qu’il arriva à une petite ville, construite sur le bord de la lagune dont une partie était praticable pour les chevaux ; il fut attaqué par les habitants qu’il dispersa, en tuant un grand nombre ; après quoi, il incendia la ville. Ayant appris que les Indiens avaient coupé la chaussée en maints endroits, je fis venir les brigantins pour qu’ils servissent de ponts à mes gens. Dès qu’ils furent passés, ils allèrent camper à Culuacan ; Sandoval avec dix cavaliers prit le chemin de la chaussée où nous avions établi nos quartiers et nous trouva bataillant ; ses cavaliers et lui mirent pied à terre et tombèrent sur les Indiens avec lesquels nous étions mêlés. Dans les premiers moments du combat, le grand alguazil eut le pied traversé par un dard et quoique les ennemis nous eussent blessé plusieurs autres Espagnols, néanmoins, les grosses pièces, les arquebuses et les arbalètes leur firent tant de mal que ni les gens des canoas, ni les gens de la chaussée ne s’avançaient plus avec la même audace et qu’ils se montraient plus timides et moins arrogants que d’habitude. Nous restâmes là six jours, nous battant tous les jours ; pendant ce temps, les brigantins incendiaient dans les alentours de la ville toutes les maisons qu’ils pouvaient aborder : ils découvrirent un canal par lequel ils pouvaient pénétrer dans les faubourgs et jusque dans le cœur de la ville, ce qui équivalait à une victoire, car cela arrêta les canoas, dont pas une n’osa plus s’approcher de nos quartiers, que de fort loin.

Un autre jour, Pedro de Alvarado, capitaine de la garnison de