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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/214

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qu’elle était de chaque côté bordée de ces maisons, et qu’il y avait au milieu une large rue où piétons et cavaliers se promenaient avec plaisir. Il y avait toujours au quartier, tant Espagnols qu’Indiens pour les servir, plus de deux mille personnes ; pour les gens de guerre nos alliés indiens, ils logeaient à Culuacan qui se trouve à une lieue et demie de chez nous. C’étaient les habitants de cette ville qui nous fournissaient les vivres, dont nous avions grand besoin, de poissons surtout et de cerises, dont il y a tant, qu’elles pourraient suffire, pendant cinq ou six mois qu’elles durent, à une population double de celle de la région.

Comme nous étions entrés dans la ville trois jours de suite sans compter les trois ou quatre fois que nous y avions déjà pénétré ; que nous avions toujours battu les Mexicains, et qu’avec notre artillerie, nos arquebuses et nos arbalètes, nous leur avions tué beaucoup de monde, nous pensions qu’à chaque instant, ils viendraient demander la paix, ce que nous attendions avec la plus vive impatience ; mais rien ne pouvait les amener à résipiscence. Voulant les réduire, et les forcer à demander merci, je résolus d’entrer chaque jour dans la ville, et de les attaquer de trois côtés à la fois ; je fis donc venir tous les habitants du bord des lagunes avec leurs canoas, ce qui me faisait ce jour-là un effectif de plus de cent mille de nos alliés ; j’ordonnai à quatre de mes brigantins, appuyés de près de mille cinq cents de ces canoas, d’attaquer d’un côté ; j’ordonnai à trois autres avec autant de canoas, de s’en aller faire le tour de la ville, en incendiant les maisons et faisant tout le mal qu’ils pourraient ; pour moi, j’entrai par la rue principale que je trouvai libre, jusqu’aux grandes maisons de la place. Mais les ponts étant levés, je pris la route de Tacuba où se trouvaient encore cinq ou six ponts. De là, j’envoyai un capitaine par une autre rue avec cinquante ou soixante hommes et six chevaux pour les appuyer avec douze mille Indiens de nos alliés pour les accompagner ; j’envoyai un autre capitaine par une autre route, et moi, suivi de mes gens, je continuai sur Tacuba. Nous franchîmes trois chaussées qui furent comblées ; nous laissâmes les autres pour le jour suivant, car il se faisait tard et qu’on ne