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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/225

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arrivé à un petit village entre Malinalco et Cuernavaca il trouva l’ennemi qui l’attendait ; appuyé par les gens de Cuernavaca, Tapia leur livra bataille et ses hommes se conduisirent si bien qu’il les défit et les poursuivit jusque dans Malinalco, située sur un pic élevé inaccessible à la cavalerie. Il se rejeta sur la plaine qu’il ravagea, et nous revint victorieux, juste dix jours après son départ. Dans le haut de ce village de Malinalco il y a de nombreuses sources d’une eau fraîche et excellente. Pendant l’expédition de nos capitaines, les Espagnols piétons et cavaliers, suivis de nos alliés, pénétraient dans la ville jusqu’aux grandes maisons qui bordaient la place ; mais ils ne pouvaient aller plus loin, car les Mexicains avaient ouvert le canal qui débouche à l’entrée de la place ; canal très large et très profond appuyé d’une forte barricade, où nos gens se battaient avec les Indiens jusqu’à ce que la nuit vînt les séparer.

Un des capitaines tlascaltecs, nommé Chichimecatl, dont j’ai déjà parlé, qui présida au transport des brigantins de Tlascala à Tezcoco et qui depuis le commencement de la guerre résidait avec sa troupe dans le camp d’Alvarado, jugeant, d’après leur déroute, que les Espagnols ne combattaient pas comme d’habitude, résolut de pénétrer sans eux dans la ville. Il s’avança donc avec ses Indiens, laissa quatre cents archers près d’une tranchée profonde et dangereuse dont il s’empara, ce qui n’était jamais arrivé sans notre aide : puis il poussa en avant suivi des siens, hurlant, insultant l’ennemi et proclamant bien haut le nom de Tlascala et celui de Chichimecatl. Les deux partis combattirent avec acharnement, il y eut de part et d’autre beaucoup de morts et de blessés. Les Mexicains croyaient bien les tenir en leur pouvoir, car ce sont des gens qui dans les retraites, encore qu’ayant été battus, continuaient le combat avec une implacable résolution ; ils pensaient donc qu’au dangereux passage de la chaussée ils pourraient se venger des Tlascaltecs. Mais c’était pour parer à l’incident, que Chichimecatl avait laisse ses quatre cents archers sur l’autre bord du canal ; en effet, quand les Tlascaltecs revinrent suivis par les Mexicains, ils se rejetèrent à l’eau et passèrent sous la protec-