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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/247

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envoyer à Votre Majesté des informations sur leur pays et sur cette mer. Ils me répondirent qu’ils le feraient avec plaisir, mais que, pour arriver, jusqu’à la mer, il fallait traverser la province d’un grand seigneur avec lequel ils étaient en guerre ; que par conséquent, il était impossible d’y arriver pour le moment. Ces ambassadeurs du roi de Michoacan restèrent auprès de moi trois ou quatre jours : je fis manœuvrer devant eux ma cavalerie, afin qu’ils en parlassent à leur maître, et leur ayant offert divers présents, je les renvoyai, accompagnés de mes deux Espagnols, à leur province de Michoacan.

Comme je l’ai dit dans le précédent chapitre, Très Puissant Seigneur, j’avais reçu quelques notices, assez vagues, touchant cette mer du sud, et l’on m’avait dit, de part et d’autre, qu’elle se trouvait à douze, treize ou quatorze journées d’ici. J’avais fort à cœur de la découvrir, pensant rendre à Votre Majesté le plus grand et le plus signalé service ; car tous ceux qui ont quelque savoir et quelque expérience de la navigation dans les Indes, tiennent pour certain que cette découverte entraînerait celle de beaucoup d’îles riches en or, perles, pierres précieuses et épicerie, sans parler de la découverts de beaucoup d’autres choses inconnues et admirables. Les personnes lettrées et les cosmographes les plus érudits affirment la même chose. Poussé par ce désir et par la grande ambition de rendre à Votre Majesté un service mémorable, j’envoyai quatre Espagnols, dont deux par une province et deux par une autre, en leur traçant la route qu’ils avaient à suivre et leur donnant pour guides des personnes choisies parmi nos alliés indiens. Ils partirent.

Je leur recommandai de ne point s’arrêter qu’ils n’arrivassent à la mer, et, qu’aussitôt découverte, ils en prissent officiellement possession au nom de Votre Majesté. Deux d’entre eux parcoururent plus de cent trente lieues, au travers de belles et riches provinces sans rencontrer d’obstacles, atteignirent les rivages de cette mer et en prirent possession en érigeant des croix sur ses bords. Ils revinrent avec un rapport sur leur découverte, me donnèrent sur toutes choses les plus grands détails et m’amenèrent divers individus des naturels du pays. Ils m’apportaient aussi de fort beaux échantillons d’or,