Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/251

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reçus avec la plus grande affabilité. Ils m’apportaient pour Votre Majesté, de la part de leur maître appelé Calcuçin, de grands boucliers d’argent et autres objets précieux, que je remis au trésorier de Votre Altesse. Pour leur donner une idée de notre manière de combattre, je fis manœuvrer ma cavalerie sur la place ; mon infanterie se mit en ordre de bataille avec les arquebusiers et ils déchargèrent leurs armes, pendant que je faisais tirer à boulet sur l’une des pyramides ; ils furent émerveillés de voir courir les chevaux, comme des effets produits par l’artillerie. Je leur fis ensuite visiter les ruines de Mexico, et ils restèrent absolument stupéfaits à la vue de cette ville si naturellement fortifiée au milieu de la lagune. Au bout de quatre ou cinq jours, je les renvoyai chargés de présents choisis parmi les choses qu’ils estimaient le plus, pour leur maître et pour eux.

J’ai déjà parlé à Votre Majesté de la rivière Panuco, qui se trouve à environ cinquante ou soixante lieues sur la côte, au nord de la ville de la Veracruz, où les navires de Francisco de Garay s’étaient rendus deux ou trois fois, et où ils avaient été fort mal accueillis des naturels par la faute des capitaines chargés de traiter avec les Indiens. Depuis, ayant su que toute cette côte manque de ports et que celui de cette rivière est le meilleur ; ayant appris que les habitants de cette province, après s’être déclarés sujets de Votre Majesté, faisaient maintenant la guerre à nos amis : j’avais résolu d’envoyer là-bas l’un de mes lieutenants avec quelques troupes pour pacifier le pays. Je voulais également, si le milieu s’y prêtait, y établir une colonie et fonder une ville sur le bord de cette rivière, ce qui assurerait notre domination sur toute la contrée. Je pensais bien que nous étions peu nombreux, que nos forces étaient divisées en plusieurs corps, et cela me faisait hésiter à m’affaiblir encore par l’envoi de nouvelles troupes ; mais comme depuis la prise de Mexico, j’avais reçu de nouveaux renforts, et qu’il s’agissait de secourir des alliés, je fis préparer vingt-cinq chevaux et cent cinquante fantassins que je confiai à l’un de mes lieutenants pour se rendre au Panuco.

Pendant que je m’occupais de cette affaire, je reçus une lettre de la Veracruz qui m’apprenait l’arrivée en cette ville d’un