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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/266

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je les reçus en cette qualité au nom de Votre Majesté, et ils restèrent soumis jusqu’à l’arrivée de Tapia qui causa les troubles dont j’ai parlé. Alors, ceux-ci renoncèrent non seulement à leur obéissance, mais causèrent les plus grands dommages aux populations voisines restées fidèles à Votre Majesté ; ils brûlèrent plusieurs villages et tuèrent un grand nombre de gens. Quoique, à cette époque, j’eusse peu de monde sous la main par suite de la division de mes forces, considérant combien il serait mauvais de les laisser persévérer dans cette voie, craignant que leurs voisins ne se joignissent à eux par terreur des dommages qu’ils en pourraient recevoir, et moi-même, fort peiné de leur conduite, j’envoyai un capitaine avec trente chevaux, cent fantassins, arquebusiers et arbalétriers accompagnés de milliers de nos amis indiens. Il y eut rencontres et batailles, dans lesquelles nous perdîmes deux Espagnols et quelques-uns de nos alliés. Grâce à Dieu ces gens demandèrent la paix et m’amenèrent leurs chefs auxquels je pardonnai, puisque c’étaient leurs sujets eux-mêmes qui me les avaient livrés. Plus tard, me trouvant dans la province de Panuco, les Indiens répandirent le bruit que je m’en retournais en Castille, ce qui causa une grande agitation. L’une de ces provinces, celle de Tututepec, se souleva de nouveau ; le cacique descendit de ses montagnes avec de nombreuses troupes, incendia plus de vingt villages de nos alliés, tua et s’empara d’une foule de gens. Je fus donc obligé de me retourner contre eux pour les soumettre ; et, quoique dans le principe ils nous tuassent quelques Indiens de l’arrière-garde et que nous eussions perdu une douzaine de chevaux dans les âpres défilés des montagnes, je soumis la province, m’emparai du cacique, de son jeune frère et d’un capitaine préposé à la défense de la frontière. Je fis pendre le cacique et son capitaine, et tous nos prisonniers au nombre de deux cents furent marqués comme esclaves. Ils furent vendus à l’encan et le cinquième de la vente attribué à Votre Majesté ; le reste fut réparti entre les soldats qui avaient fait la campagne, encore n’y eut-il pas de quoi payer le tiers de la valeur des chevaux perdus dans l’action, car, le pays étant fort pauvre, il n’y eut pas d’autre butin. Les autres habitants se soumirent