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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/274

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tous auraient été massacrés au débarquement, si les Indiens n’eussent été pacifiés ; loin de là, ils les amenèrent eux-mêmes, les portant et s’empressant à les servir, jusqu’à ce qu’ils les eussent remis au village des Espagnols. Sans cette guerre, ils eussent tous été perdus. C’était donc rendre un grand service que de pacifier la contrée.

Dans les chapitres précédents, Très Excellent Prince, je disais comment, en revenant de pacifier le Panuco, je conquis la province de Tututepec qui s’était révoltée et je racontais tout ce qui s’y était passé. Je reçus alors la nouvelle que dans une autre province près de la mer du sud, appelée Impilcingo, et située comme celle de Tututepec au milieu de montagnes âpres et difficiles, les habitants faisaient la guerre aux sujets de Votre Majesté Impériale, leurs voisins, qui étaient venus réclamer mon secours. Quoique mes gens fussent bien fatigués et qu’il y eût d’une mer à l’autre deux cents lieues de distance, néanmoins, je réunis immédiatement vingt-cinq chevaux et quatre-vingts piétons que je confiai à l’un de mes lieutenants pour se rendre en cette province. Je lui donnai pour instruction de s’efforcer d’amener les habitants à nous par la douceur, sinon de leur faire la guerre. Il partit, eut avec eux quelques rencontres, mais vu la difficulté des lieux, ne put en achever la conquête. Je le chargeai en même temps, l’affaire terminée, de se rendre à la ville de Zacatula et de poursuivre avec tous les hommes qu’il pourrait s’adjoindre, jusqu’à la province de Coliman, où les Indiens avaient battu les capitaines qui du Michoacan s’étaient avancés chez eux sans ma permission, ainsi que j’en ai fait mention dans un chapitre précédent. Je lui donnai l’ordre de traiter avec eux s’il se pouvait, ou de les réduire par la force.

Il partit, après avoir réuni une troupe de cinquante chevaux, et de cent cinquante fantassins avec lesquels il se dirigea vers cette province située à soixante lieues de la ville de Zacatula. En chemin, il pacifia quelques villages et arriva dans le Coliman à l’endroit même où mon premier capitaine avait été défait ; il y trouva une forte armée indienne qui l’attendait. Les Indiens, espérant qu’il en serait de celui-là comme de l’autre, l’attaquèrent ; mais il plut à Dieu qu’ils fussent battus, sans