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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/288

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avec huit mille piastres d’or, pour acheter des chevaux et des vivres et me les amener en un premier voyage, de sorte que mes navires en feraient aussitôt le chargement, de manière que tout abondât et qu’on n’eût pas d’excuse à me donner pour n’avoir pas rempli mes ordres.

Je voulais ainsi que, faute de vivres, mes hommes ne dépouillassent point les gens du pays et qu’au contraire, ils pussent leur en céder. Tout étant prêt, les vaisseaux mirent à la voile et quittèrent le port de San-Juan, de Chalchiqueca[1], le 11 du mois de janvier 1524 ; mes capitaines devaient d’abord se rendre à la Havane qui est à la pointe de l’île de Cuba, où ils prendraient ce qui leur manquait, des chevaux surtout ; ils devaient y rallier quelques navires et de là avec la bénédiction de Dieu, suivre leur route vers le Honduras.

En arrivant dans le premier port de ce pays, ils devaient débarquer et mettre à terre toutes leurs cargaisons, hommes, chevaux et provisions ; choisir le meilleur emplacement, s’y fortifier avec leur artillerie qu’ils avaient bonne et nombreuse, et fonder une ville.

Aussitôt, les trois plus grands navires devaient se rendre à Cuba, dans le port de la Trinité, parce qu’il est le mieux placé, et parce que là, ils trouveraient un de mes serviteurs pour leur préparer le chargement de tout ce que le chef de l’expédition pourrait demander. Les autres navires plus petits, ainsi que les brigantins, sous la direction du chef pilote et d’un de mes cousins nommé Diego de Hurtado, devaient longer toute la côte, à partir de la baie de l’Ascension, à la recherche de ce fameux détroit qu’on dit exister. Ils devaient continuer leur croisière, jusqu’à ce qu’on eût tout vu et tout examiné ; ils devaient alors rejoindre le capitaine Cristobal de Oli, puis Hurtado, avec l’un des navires, devait venir me trouver avec un rapport complet sur ce que Oli avait appris de la contrée et ce qui lui était arrivé ; de manière que je pusse envoyer une longue relation à Votre Majesté.

Je disais aussi comment j’avais confié des troupes à Pedro

  1. Veracruz.