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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/290

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dépensé tout ce que je possédais, je dois, pour avoir pris sur les fonds de Votre Majesté, pour mes dépenses, comme Votre Altesse pourra s’en assurer par la tenue de mes comptes, la somme de soixante et tant de mille piastres d’or, sans parler de douze mille piastres que j’ai empruntées de diverses personnes.

En parlant des provinces voisines de la ville del Espiritu Santo, et de celles qui avaient été attribuées aux habitants, je disais que quelques-unes s’étaient révoltées, et que pour les réduire au service de Votre Majesté, comme pour y amener les voisines, les gens de la ville n’étant pas suffisants pour garder celles déjà conquises et soumettre les autres, j’envoyai un capitaine avec trente chevaux, cent piétons, quelques arquebusiers et arbalétriers, deux pièces d’artillerie et force poudre et munitions. Ceux-là partirent le 8 décembre de l’année 1523. Jusqu’à présent, je n’ai point de leurs nouvelles ; j’espère qu’ils feront une bonne besogne et que de ce côté, Dieu Notre Seigneur et Votre Majesté seront bien servis et qu’on y fera de belles découvertes, car c’est une partie placée entre la conquête d’Alvarado et celle de Cristobal de Oli. Ce qui est pacifié du côté de la mer du nord constitue un territoire de quatre cents lieues soumis à Votre Majesté ; du côté du sud, la partie conquise allant d’une mer à l’autre, s’étend sans interruption sur près de cinq cents lieues, à l’exception de deux provinces qui se trouvent enclavées entre Tehuantepec, Chinantla, Oaxaca et Goatzacoalco ; les habitants de l’une se nomment Zapotecs et les habitants de l’autre Mixes. Ils vivent au milieu de montagnes si âpres et si difficiles qu’on peut à peine les aborder à pied ; j’y ai deux fois envoyé des gens pour les conquérir, mais ils n’ont rien pu contre ces Indiens munis de bonnes armes et retranchés dans leurs montagnes. Ils se battent avec des lames longues de plus de quinze pieds, solides, bien faites et terminées par une pointe de silex.

C’est avec des lances qu’ils se sont défendus et qu’ils m’ont tué des Espagnols ; ils ont fait et font beaucoup de mal à leurs voisins qui sont sujets de Votre Majesté, les attaquant de nuit, incendiant les villages et massacrant les habitants ; ils ont si