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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/304

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ces Indiens voyaient les choses de l’église et le service de Dieu au pouvoir des chanoines et autres dignitaires, et qu’ils vissent ces ministres de Dieu, se livrer à tous les vices et à toutes les profanations dans lesquelles ils se vautrent aujourd’hui dans vos royaumes, ce serait rabaisser notre foi, en faire un objet de moquerie, et le dommage serait si grand que toute prédication deviendrait inutile. La chose est des plus importantes, et Votre Majesté voulant que ces gens se convertissent comme nous devons le désirer nous-mêmes en vrais chrétiens, j’ai voulu en aviser Votre Majesté Impériale, et lui dire ce que je croyais être bien. Ce sont des observations que je supplie Votre Altesse de vouloir bien agréer, comme venant d’un sujet dévoué qui emploiera toutes ses forces à étendre les royaumes et seigneuries de Votre Majesté, à propager sa gloire dans ces pays, comme aussi je désire avec ardeur que Votre Altesse envoie jeter ici les semences de notre foi divine et qu’elle mérite ainsi la bienheureuse vie éternelle.

Mais pour ordonner des prêtres, consacrer les églises, bénir les ornements, les huiles, etc., n’ayant pas d’évêques, il serait difficile d’aller chercher le remède ailleurs. Je prie donc Votre Majesté de demander à Sa Sainteté, d’accorder ses pouvoirs et de nommer comme ses subdélégués en cette Nouvelle-Espagne, deux religieux remarquables qui sont venus en ces contrées, dont l’un appartient à l’ordre de Saint-François, et l’autre à l’ordre de Saint-Dominique, et qu’ils soient chargés tous deux des plus grands pouvoirs. Car ces provinces sont si loin de l’église romaine, et nous, les chrétiens qui les habitons, si loin des remèdes religieux, et comme êtres humains si sujets à pécher, qu’il y a toute nécessité que Sa Sainteté attribue à ces religieux les plus larges pouvoirs. Il faudrait aussi que ces pouvoirs se perpétuassent parmi les religieux qui résident en cette contrée, soit chez le général, soit dans le provincial de chacun de ces deux ordres.

Ces dîmes ont été affermées dans quelques villes ; dans d’autres, elles sont demandées par le crieur public ; depuis l’année 1523, elles sont affermées à Mexico. Il me parut inutile de le faire ailleurs, le pays étant peuplé d’Espagnols ; mais si