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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/321

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à toutes les rigueurs de la justice. Je dis encore à ce cacique une foule d’autres choses que je ne répéterai pas de crainte d’être prolixe ; il accepta tout avec joie et envoya aussitôt quelques-uns des Indiens qui étaient venus avec lui pour aller nous chercher des vivres.

Je lui fis présent de diverses bagatelles d’Espagne qu’il apprécia fort, et il resta près de moi, très heureux, tout le temps que je séjournai chez lui. Il fit ouvrir une route jusqu’à l’autre village qui se trouve à cinq lieues en amont de la rivière et qui s’appelle Tatahintalpan. Comme il y avait sur la route un ruisseau profond, il fit établir une passerelle sur laquelle nous le traversâmes, en même temps qu’il fit combler des marais où nous devions passer. Il me donna trois canoas, sur lesquelles j’envoyai trois Espagnols au Tabasco, dont la rivière du village est le principal affluent ; ils devaient y rencontrer mes caravelles attendant mes ordres. Je leur faisais dire de longer la côte, doubler la pointe du Yucatan et de jeter l’ancre dans la baie de l’Ascension, où ils me trouveraient, moi, ou des ordres leur indiquant ce qu’ils auraient à faire. En outre, je leur mandai de me rapporter avec leurs pirogues et celles qu’ils réuniraient à Tabasco et à Xicalanco autant de vivres qu’ils pourraient dans la province de Acalan, à quarante lieues d’Istapan, où je les attendrais.

Ces Espagnols partis et la route achevée, je priai le cacique d’Istapan de me donner trois ou quatre autres pirogues pour les envoyer en amont avec une demi-douzaine d’Espagnols, l’un de ses officiers et quelques Indiens pour avertir et calmer les habitants des villages où je devais passer, afin qu’ils m’attendissent paisiblement chez eux ; il le fit volontiers et cette démarche eut le succès que j’en attendais, comme je le raconterai plus loin à Votre Majesté. Ce village de Istapan, situé sur les bords d’une belle rivière, est un grand centre de population. Ce serait un endroit des mieux choisis pour une colonie : les environs en sont délicieux et offriraient de bons pâturages ; la terre est fertile et tous les environs sont bien cultivés.

Je restai huit jours dans ce village de Istapan, m’occupant des mesures dont j’ai parlé plus haut ; je partis et arrivai le même