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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/338

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entrée et il est entouré d’un fossé profond appuyé sur une estacade de quatre pieds de hauteur, derrière laquelle s’élève une muraille de bois de quatre mètres avec ses meurtrières pour tirer les flèches, muraille garnie par intervalles de petits donjons qui la dominent de trois mètres et de tours remplies de pierres pour la défense. Les maisons du village avaient également leurs meurtrières ; les rues aussi étaient fortifiées et l’on ne saurait imaginer rien de mieux compris que l’organisation défensive de ce village.

J’envoyai à la recherche des habitants ; on me ramena trois Indiens que je renvoyai avec l’un des marchands d’Acalan pour qu’ils se missent à la recherche du cacique, leur recommandant bien de lui dire qu’il n’avait rien à craindre et qu’il se hâtât de venir ; que loin de lui faire aucun mal, je l’aiderais dans ses guerres avec ses voisins et que je laisserais sa province victorieuse et pacifiée. Ils revinrent deux jours après, m’amenant un oncle du cacique qui n’était qu’un enfant et dont il était le tuteur. Mais cet enfant qui avait peur ne voulut pas venir.

Je rassurai l’oncle qui vint avec moi jusqu’à un autre village de la même province et qui s’appelle Tiac, avec lequel il est en guerre. Ce village est fortifié comme l’autre ; il est plus grand mais moins fort, car il est situé dans la plaine ; il a comme lui ses murailles, ses tours et ses donjons, et les trois faubourgs qui le composent constituent chacun une ville fortifiée, enfermée dans la première.

J’avais envoyé à ce village deux compagnies de cavalerie et une de fantassins ; ils le trouvèrent désert et plein de provisions ; ils s’emparèrent de huit Indiens dont ils relâchèrent quelques-uns, les chargeant d’aller trouver le cacique pour le ramener. Ils s’acquittèrent si bien de leur commission, qu’avant mon arrivée, mes gens avaient déjà reçu des courriers du cacique qui leur apportaient des provisions et des étoffes ; après mon arrivée, il vint deux fois d’autres personnages pour m’apporter des vivres et causer avec moi, de la part de ce même cacique et de cinq autres appartenant à la même province, mais tous indépendants et qui se déclaraient sujets de Votre Majesté et nos amis, mais que je ne pus jamais décider à venir me voir.