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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/370

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çois qui m’accompagnaient partout et une dizaine de mes serviteurs avec lesquels nous arrivâmes à terre. Toute la population était là qui m’attendait ; la plupart se jetèrent à l’eau pour me transporter de la barque au rivage, montrant une grande joie ; nous nous rendîmes au village et à l’église, où, après avoir remercié Dieu, ils me prièrent de m’asseoir, pour que je pusse écouter toutes leurs doléances, craignant que je leur en voulusse à la suite de faux rapports ; ils tenaient donc à les rectifier, après quoi je pourrais les juger en toute conscience. Je fis donc comme ils me le demandaient ; la relation que me fit un ecclésiastique à qui l’on avait donné la parole, fut la suivante :

« Vous savez, Seigneur, comment, tous tant que nous étions ici, avec Cristobal de Oli, avons été envoyés de la Nouvelle-Espagne pour coloniser cette province au nom de Sa Majesté avec ordre d’obéir à ce Cristobal de Oli, comme à vous-même ; c’est ainsi que nous partîmes, nous rendant à l’île de Cuba pour y prendre des vivres et des chevaux qui nous manquaient. Arrivés à la Havane qui est le port de l’île, Oli se lia avec Diego Velazquez et les officiers de Sa Majesté qui résident dans l’île ; ceux-ci lui donnèrent quelques hommes, et, nos provisions chargées à bord par les bons soins de votre serviteur Alonzo de Contreras, nous poursuivîmes notre voyage. Je laisse de côté divers incidents de la traversée et j’arrive à cette côte qui se trouve à quatorze lieues du port de Caballos ; nous débarquâmes, le capitaine Cristobal de Oli prit possession de la contrée par Votre Grâce, au nom de Sa Majesté, y fonda, une ville avec alcades et conseillers municipaux que vous aviez nommés, et publia certains décrets au nom de Votre Grâce comme son lieutenant. Mais au bout de quelques jours il se joignit aux amis de Diego Velazquez qui nous avaient accompagnés et prit certaines mesures en contradiction avec les ordres de Votre Grâce.

« Quoique bien des choses nous parussent mal, nous n’osions point le contredire, car il nous menaçait de la pendaison. Nous fûmes donc forcés d’acquiescer à tout ce qu’il voulait ; vos parents eux-mêmes et vos serviteurs furent obligés de faire comme nous.

« Sur ces entrefaites, il apprit que des gens appartenant à