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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/391

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Lettres de Fernand Cortés à Charles Quint


chevaux, les autres préférèrent rester dans le pays et les autres m’attendaient dans l’intérieur, pensant que je prendrais la voie de terre. Je mandai à ceux-là de venir me rejoindre en leur expliquant la cause de mon départ. Ils ne sont pas arrivés, mais j’ai de leurs nouvelles.

Après avoir laissé mes ordres dans toutes ces villes que j’avais fondées au nom de Votre Majesté, fort peiné de n’avoir pu les organiser comme je l’eusse désiré, je me mis en route le 25 du mois d’avril avec mes trois navires et j’eus si beau temps qu’en quatre jours, je me trouvai à cent cinquante lieues du port de Chalchicuela, où nous fûmes surpris par un Nord qui nous empêcha de pousser plus avant. J’espérais qu’il se calmerait ; nous mîmes à la cape pendant un jour et une nuit, mais il souffla si bien, qu’il endommageait mes navires et que je fus forcé de me diriger vers l’île de Cuba. J’arrivai en six jours au port de la Havane où je débarquai, fêté par les habitants de la ville, dont plusieurs étaient de mes amis, du temps que je vivais dans l’île. Comme mes navires avaient été fort maltraités par l’ouragan, il fallut les réparer, ce qui me retint dix jours et, pour hâter les choses, j’achetai un navire tout neuf pour remplacer le mien qui faisait eau de toutes parts.

Le lendemain de mon arrivée, nous eûmes un navire venant de la Nouvelle-Espagne ; le jour suivant il en vint un second, et le jour d’après un troisième. Je sus par eux que le pays était tranquille et sûr, depuis la mort du facteur et du commissaire, et que s’il y avait eu quelques légers troubles, les instigateurs en avaient été punis. Je me réjouis d’autant plus de cette nouvelle, que je craignais que mon retard ne fut cause de quelque désastre. De la Havane, j’écrivis à Votre Majesté une lettre et je partis le 16 mai, emmenant avec moi trente personnes de la ville qui m’accompagnèrent sans qu’on le sût. En huit jours, j’arrivais au port de Chalchicuela, où je ne pus entrer à cause du mauvais temps ; je filai à deux lieues plus loin, et à la tombée de la nuit, dans une des barques de mon navire je pus gagner la côte d’où, sans avoir été remarqué de personne, je m’en allai à pied à la ville de Médellin qui se trouvait à quatre lieues de là.

Je me rendis aussitôt à l’église pour remercier Dieu ; le bruit