Aller au contenu

Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Francisco de Montejo, procureurs de la Ville Riche de la Veracruz, que j’ai fondée au nom de Votre Altesse. Depuis lors, n’en ayant pas eu l’occasion, manquant de navires et me trouvant absorbé par la conquête et la pacification de cette contrée, n’ayant du reste reçu aucune nouvelle ni du navire ni de mes envoyés, j’ai cessé de relater à Votre Majesté ce que j’ai fait depuis : Dieu sait combien j’en ai souffert ! je désirais naturellement tenir Votre Altesse au courant des choses de ce pays ; et ces choses sont telles que, comme je l’écrivais dans mon premier rapport, Votre Majesté peut prendre le nom d’empereur de cette Nouvelle Espagne, au même titre que celui d’empereur d’Allemagne qu’elle possède déjà. Quant à vouloir parler de toutes les choses de cette contrée et nouveaux royaumes de Votre Altesse, en vouloir conter tous les détails et particularités, ce serait se lancer dans l’infini, et je supplie Votre Majesté sacrée de me pardonner si je ne puis lui faire un rapport aussi détaillé que je le devrais ; en les circonstances où je me trouve, je n’en aurais ni le pouvoir ni le temps ; cependant je m’efforcerai de dire la vérité à Votre Altesse le moins mal que je pourrai et de lui conter tout ce que pour le présent il est nécessaire que Votre Majesté sache. Je supplie de nouveau Votre Altesse de me pardonner si je ne dis pas tout, le quand et le comment des choses, si je donne mal certains noms, tant de villes que de villages et de leurs seigneurs qui ont offert leurs services à Votre Majesté et se sont déclarés ses sujets et vassaux ; car par suite d’un accident dont je rendrai compte à Votre Majesté, j’ai perdu toutes mes notes et les pièces diverses que j’avais réunies sur les Indiens, ainsi que beaucoup d’autres choses.

Dans la première relation, Très Excellent Prince, je disais à Votre Majesté les villes et villages qui jusqu’alors avaient offert leurs services et que j’avais conquis et assujettis. Je disais aussi qu’il y avait un grand seigneur appelé Muteczuma, dont les naturels m’avaient parlé, qui demeurait selon leurs appréciations à quatre-vingt dix ou cent lieues de la côte et du port où j’abordai. Confiant en la grandeur de Dieu, appuyé du nom royal de Votre Altesse, je résolus d’aller le voir, quelque part qu’il fût. Je me rappelle encore qu’il m’offrit, pour ne pas y