Aller au contenu

Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aide et protection dans le port, où il pourrait les guider. Les autres répondirent qu’ils avaient bien vu le port, puisqu’ils étaient passés devant et qu’ils acceptaient l’invitation. Mon homme revint donc dans sa barque, mais les navires ne le suivirent pas, n’entrèrent point au port et continuaient à croiser le long de la côte sans rien laisser deviner de leurs intentions. Dès que je fus au courant de la chose, je partis aussitôt pour la ville, où j’appris que les navires se trouvaient à trois lieues, le long de la côte nord, et que personne n’avait mis pied à terre. De là, accompagné de quelques personnes, je m’en fus de ce côté pour m’informer ; lorsque me trouvant à une lieue de la flottille, je rencontrai trois hommes de son équipage dont l’un se donna pour notaire ; il me dit s’être fait suivre des deux autres hommes pour l’assister comme témoins dans certaine notification que son capitaine l’avait chargé de me faire de sa part et qu’il me présentait.

Cette notification me faisait savoir qu’il avait découvert cette contrée et qu’il comptait la coloniser : il me signifiait donc que j’eusse à en fixer les limites, car il entendait établir le siège de cette colonie à cinq lieues sur la côte nord, au-delà de Nautecal, ville située à douze lieues d’une autre ville qui s’appelle aujourd’hui Almeria. Je répondis que le commandant n’avait qu’à se rendre avec ses navires au port de la Veracruz ; que là nous causerions, qu’il pourrait me dire dans quelles intentions il était venu, et que si ses navires et ses hommes avaient besoin de quelque chose, je ferais mon possible pour les secourir. Comme il se disait envoyé pour le service de Votre Majesté sacrée et comme je n’avais d’autre désir que de servir les intérêts de Votre Altesse, je l’eusse fait connue je le disais ; ils me repartirent que jamais en aucune façon le capitaine, ni aucun de ses gens ne mettrait pied à terre là où je me trouvais.

Craignant qu’ils n’eussent fait quelque mauvaise action, puisqu’ils refusaient de paraître devant moi ; la nuit venue, je me cachai de mon mieux près de la côte, juste en face où les navires avaient jeté l’ancre, et je restai là jusqu’au midi du jour suivant, espérant que le capitaine ou les pilotes viendraient à terre, où je me proposais de les interroger, de savoir ce qu’ils avaient fait et